L’année 1954 marque une transition, voire le début de la fin d’une tradition, puisqu’un service aérien est offert entre l’île aux Grues et la Grosse-Île et Montmagny. On a toutefois continué d’utiliser occasionnellement le canot à glace à la Grosse-Île, jusqu’à ce que la quarantaine animale soit fermée l’hiver à compter de 1974. À l’île au Canot, patrie de la famille Lachance, réputés canotiers et des constructeurs de canots et de bateaux Lachance, on a utilisé le canot à glace jusqu’à ce que l’île soit vendue en 1956. Depuis 2008, l’île est revenue dans la famille Lachance en partenariat avec des amis passionnés de la chasse à la sauvagine. L’on a recommencé à y traverser régulièrement depuis Montmagny en canot à glace et en UMA.
À île aux Grues, toujours habitée en permanence aujourd’hui, malgré le service aérien établi en 1954, on a utilisé le canot à glace jusqu’à la fin des années 1970. En 1980, l’arrivée d’un avion bimoteur, plus gros que les monomoteurs, pouvant transporter autant du cargo que des personnes, mit fin à la pratique du transport en canot à glace.
À l’île aux Oies, la voisine de l’île aux Grues, le canot à glace a été utilisé jusqu’aux environs de 1963. L’île appartenant aux sœurs augustines de Québec a été vendue en 1964 à un club de chasse privée, ses habitants, au service des sœurs, qui étaient là depuis plusieurs générations, durent quitter l’île.
Quant à l’île aux Coudres, l’histoire des canotiers nous est parvenue, en particulier grâce aux écrits des abbés Alexis Mailloux, Félix-Antoine Savard, aux cinéastes René Bonnière, Pierre Perreault et Michel Brault. Sur cette île de constructeurs de canots et de goélettes, comme nous l’avons mentionné plus tôt, on a utilisé des pirogues pour traverser sur la rive nord, dès les années 1720. Ensuite, vers 1760, selon Mailloux, on se serait mis à construire des canots selon les techniques de construction navale « européenne », mais rien d’autre n’est spécifié. Ces canots ressemblaient-ils à ceux de Lévis, de l’île aux Grues? Difficile de le savoir. Toutefois, on sait qu’il y avait deux types de canots à l’île aux Coudres dans les années 1930. Bien qu’ils étaient un peu différents de ceux de l’île aux Grues, ils s’y apparentaient beaucoup; les techniques de construction étaient les mêmes. L’avion a aussi servi à faire la traversée entre l’île aux Coudres et la terre-ferme dans les années 1950, mais on continua d’utiliser le canot à glace jusqu’à l’arrivée du traversier La Marjolaine, en 1958.
Mentionnons qu’à Saint-Jean-Port-Joli, les gardiens du phare du Pilier de Pierre ont utilisé des canots à glace pour se rendre et revenir du travail. Ce phare a été construits en 1883. En 1940, le gardien a décidé d’utiliser une embarcation à moteur, plutôt que le canot à glace. Le dernier gardien de phare, Antonio Bourgault, a quitté les lieux en 1960. À l’Île Verte, elle a cessé dans les années 1970, remplacée par l’hélicoptère.
Illustration : Canotiers de l’île aux Grues sur la batture de Montmagny en 1946. (Société d’histoire de Montmagny, Fonds Louisette F. Fréchette).