À l’île d’Orléans, les habitants n’aimaient pas utiliser le canot et préféraient attendre la prise du pont de glace pour traverser sur la côte de Beaupré. On l’a surtout utilisé pour la poste. L’ouverture du pont entre l’île d’Orléans et Montmorency (rive nord, Québec) en 1935 mettra définitivement fin aux traverses en canot l’hiver.

Dans le moyen estuaire du Saint-Laurent, en particulier pour les îles aux Oies et aux Grues, des documents historiques laissent croire qu’on a utilisé des canots au moins depuis 1681, jusqu’à la fin des années 1970. Soulignons qu’au fil du temps les insulaires sont passés maîtres dans l’art de construire des canots adaptés pour la navigation hivernale. Ces canots lourds et solides étaient la plupart du temps construits en chêne, à membrures, et bordé à franc-bord. Au 20e siècle, la sole (sous la coque) était recouverte de métal bien poli, ce qui aidait à la glisse sur les glaces et la neige. Avant cette technique, elle était plutôt faite en chêne. Longs entre 14 et 21 pieds, ils pouvant peser 400 livres et plus. On était bien loin du temps des pirogues creusées. Les canotiers utilisaient des rames, des avirons et, dans l’archipel de L’Isle-aux-Grues, on utilisait aussi une petite voile aurique à livarde pour naviguer, puis à partir des années 1940, certains ont utilisé aussi un moteur à essence. Plus à l’est dans l’estuaire maritime du fleuve, à l’Île Verte, la distance séparant le village insulaire de celui se trouvant sur la rive au sud est de seulement deux kilomètres. Les insulaires y ont utilisé un canot à glace de type particulier, ressemblant à un canot autochtone. La traversée en canot à l’Île Verte remonte au 18e siècle et a pris fin en 1970.

Illustration : Traverse, John Arthur Fraser, 1866. (Coll. : Alan Klinkhoff Gallery)